JE CRIE Ô LOUP ! par Patrishark
- Contact FUDA
- 13 juin 2014
- 4 min de lecture
En 2012, le loup a fait l’objet de toutes les attentions.Le 5 décembre 2012, un article paraissait dans Charlie Hebdo, intitulé « la seconde mort du loup » écrit par Fabrice Nicolino faisant l’état des lieux de la situation du loup actuellement en France.Le 14 novembre 2012, un ensemble d’associations se réunissait (Animal Cross, ASPAS, FERUS, FNE, FRAPNA, GEML, LPO, Mille Traces, SFEPM, SPA et WWF) pour lancer une pétition unitaire en faveur du loup mais aussi rédiger un courrier inter-associatif à l’attention de Madame Delphine Batho, Ministre de l’Ecologie. En effet, le prochain plan loup 2013-2018 étant en pleine préparation et devant les menaces qui pèsent sur le loup en France, il y a urgence.
L’automne 2012 aura été impitoyable pour le loup : le 10 octobre une proposition de loi est déposée au bureau de l’Assemblée Nationale visant à autoriser les éleveurs à tirer sur tout loup menaçant leurs élevages, cette mesure s’appliquant également dans le cœur des parcs nationaux. Le 16 octobre, une autre proposition de loi a été déposée au Sénat visant à autoriser l’abattage des loups dans des zones d’exclusion à créer, indépendamment du prélèvement défini au niveau national. Enfin, le 19 octobre, le Conseil d’Administration du Parc National des Cévennes a déclaré le loup incompatible avec la biodiversité, ce qui est un non sens écologique. Il a demandé à ce que le Parc soit reconnu comme « zone d’exclusion pour le loup » et souhaite organiser son abattage en zone « cœur » du Parc. Le loup est protégé en France par le Convention de Berne, adoptée le 19 septembre 1979 par 34 pays de la Communauté Européenne, et qui a pour objet la conservation de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs Etats, et de promouvoir une telle coopération. Mais depuis le 27 mai 2009, le loup ne fait plus partie des espèces protégées menacées d’extinction en France, le ministre de l’écologie s’étant désengagé de ses responsabilités en le retirant de la liste, ce qui fait du loup une cible facile. Le problème posé par la présence du loup en France provient du nombre d’attaques sur les troupeaux des éleveurs. Afin d’accompagner les éleveurs et les bergers suite au retour du loup, des mesures ont été mises en place pour réduire au maximum son impact sur les élevages. Ces trois mesures sont le gardiennage, le regroupement nocturne du troupeau si possible dans des parcs et la présence de chiens de protection. Efficaces contre la prédation, ces mesures nécessitent toutefois un ensemble de contraintes avec par exemple la création d’équipements pastoraux. Si malgré les mesures de protection mises en place, des attaques par le loup sont confirmées sur un élevage, le Préfet peut autorisé l’éleveur à un tir d’effarouchement ou un tir de défense à proximité des troupeaux. Lorsque la situation ne permet pas un tir de défense, le Préfet peut organiser une opération collective pour effectuer un tir de prélèvement dans la limite du plafond annuel. Le problème posé par ces tirs est qu’il s’agit d’une aberration écologique car tuer un membre d’une meute de loups n’est pas un acte anodin. Une meute répond à une organisation hiérarchique précise. Si on enlève un des membres du couple alpha, on désorganise cette hiérarchie en prenant le risque de provoquer la dispersion de la meute dont chaque individu ira refonder une meute ailleurs.
La présence d’une meute de loups sur un site géographique permet aussi d’empêcher l’installation d’une autre meute dans ses alentours. Le fait d’intervenir dans cette organisation sans prendre le temps d’analyser les conséquences de ces prélèvements provoque des dégâts plus importants que ceux déjà existant.
Le loup est mis en avant comme étant LE problème de l’élevage français alors qu’il n’est pas le seul responsable des dégâts occasionnés sur les troupeaux : autres prédateurs sauvages comme le lynx, les chiens divagants mais les animaux meurent également de maladie et de dérochement. Malheureusement, aucune étude vraiment objective n’est menée pour analyser le taux de prédation du loup par rapport aux autres facteurs de mortalité des ovins, caprins et bovins.
La présence du loup pour expliquer les difficultés économiques de la filière ovine n’est certainement pas suffisante au vu du rapport fourni par Marc Laffont par exemple.
Chaque année, Marc Laffont fait le point sur l’état de la filière ovine en France. Voici son analyse d'octobre 2012 à partir de l’enquête effectuée par le Service de la Statistique et de la Prospective. Selon une étude, en 2011 c’est le Royaume-Uni, avec + de 45 % des importations, qui arrive encore en tête, devant la Nouvelle Zélande, avec 20 %, l’Irlande (15,5 %) et l’Espagne (8,5 %). 47 % de la viande consommée en France en 2011 était d’origine hexagonale.
Dans cette même étude qui explique que la viande ovine ne représente même pas 4 % de la consommation totale de viande en France. La part spécifiquement française s’élevant à moins de la moitié du tonnage consommé, cela signifie que la proportion de viande ovine d’origine française, c’est moins de 2 % du total de viande consommée. Il est important de noter que les régions qui connaissent le plus fort déclin ne sont pas concernées, à ce jour, par la problématique « grands prédateurs ». C’est au contraire parmi les régions où vivent ceux-ci que les effectifs ovins résistent le mieux. Signe que déclin ou reprise de l’élevage ovin dépendent de bien d’autres paramètres que l’absence ou la présence de quelques loups, lynx ou vautours fauves. Le loup a toujours été l’animal sur lequel l’être humain a projeté ses peurs que l’on perpétue depuis l’enfance par le biais des contes comme le petit chaperon rouge. Un véritable acharnement se joue contre cet animal, certes carnivore opportuniste, mais qui fait partie de la biodiversité contrairement ce que ses détracteurs essaient de lui opposer. Malheureusement pour le loup, il ne semble pas pouvoir exister de discussion possible sur un partage de l’espace entre les différents intervenants : éleveurs, chasseurs, prédateurs naturels. A quand un travail sur les périodes et quotas de chasse sur les zones de présence du loup pour limiter les impacts sur les élevages à proximité ? A quand une étude sur les conditions de travail actuelles des éleveurs et bergers (pluri activités professionnelles qui impliquent un temps de présence plus faible auprès des troupeaux) ? Par PATRISHARK pour le MOUVEMENT FUDA © Mouvement FUDA 2013
Sources:-Animal Cross :http://www.animal-cross.org/grande-petition-inter-associative-pour-le-loup.html-One Voice :http://www.one-voice.fr/loisirs-et-compagnie-sans-violence/les-loups-francais-menaces/-Article paru dans Charlie Hebdo :http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1448
-Le site de l’état consacré au loup :http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?rubrique9
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