ANTHROPO-CENTRISME par Michèle
- Contact FUDA
- 27 janv. 2014
- 4 min de lecture
L'anthropo-centrisme (du grec Anthôpos: Homme) ou: ne se préoccuper des choses qu'à partir de l'intérêt ou du point de vue de l'être humain, c'est (entre autre) songer que le prix du bacon va augmenter à cause d'un virus qui décime les porcs, AU LIEU de songer EN PREMIER au sort des dits porcs qui sont QUAND MÊME LES PREMIÈRES (et seules!) VICTIMES du système.
L'anthropo-centrisme c'est aussi ce qui a failli conduire Galilée sur le bûcher, qui osait en défier la notion directement associée - celle de "géo-centrisme" - la Terre au centre de l'univers et le soleil tournant complaisamment autour, parce que bien évidemment jusqu'à il y a 500 ans il n'avait que ça à faire, le soleil: se préoccuper de réchauffer les os humains. Il est intéressant de noter que les deux théories émanent du même homme - Aristote.
L'anthropo-centrisme n'est (à mon sens) qu' un résidu mental collectif de la tendance de chaque individu à se croire lui-même le centre du monde.
La découverte dans l'enfance de la présence du désir de "l'autre" vient inexorablement malmener le sentiment de toute puissance que chaque petit humain découvre et éprouve au moment de la découverte de l'autonomie (3 -5 ans); chacun de nous aura eu ainsi à surmonter et/ou canaliser ou refouler ensuite ce sentiment, avec plus ou moins de bonheur, de grâce, de réussite et de facilité. Le seul moyen en tous cas d'établir une limite à la dimension ogresque de chaque ego naissant, aura été d'intégrer peu à peu (ou pas) la notion de "respect d'autrui" (comme le dit la sagesse populaire: "La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres").
La compétition acharnée entre le désir et l'ego de chacun, d'une part, et les renoncements obligatoires liés à l'apprentissage de la vie sociale, de l'autre, débute dans les bacs à sable des écoles maternelles et elle est d'envergure comme chacun peut le constater de ses yeux.
De toute évidence cette lutte se poursuit longtemps en avançant dans la vie, générant chez beaucoup de personnes pour ne pas dire toutes, un sentiment - conscient ou non- de frustration.
Je me demande donc souvent, si l'anthropo-centrisme exacerbé qui s'exprime et s'observe en permanence dans la plupart des philosophies et religions et surtout dans la façon dont l'humain se permet concrètement de se conduire vis-à-vis des autres animaux, ne serait pas tout simplement produit par la réunion de toutes ces blessures et frustrations individuelles, auxquelles un sentiment de supériorité de l'humanité toute entière sur "autres truies" servirait d’exutoire et permettrait en quelque sorte une certaine "réparation égotique globale" et ça, ben... c'est pas beau.
Toutes les difficultés que Galilée et ses pairs ont eu à surmonter pour démonter la théorie du géo-centrisme, en disent assez long sur l'attachement profond de l'Homme de l'époque à son rassurant sentiment de suprématie intergalactique - auquel cependant l'observation indéniable de la réalité astronomique ne pouvait qu'aboutir tôt ou tard à mettre un terme définitif. Il est évidemment beaucoup moins aisé de démonter la théorie de l'anthropo-centrisme étant donné sa dimension psychologique donc invisible et difficilement quantifiable. Il est surtout à souligner que si le soleil s'en tape grave les flancs que les homo-sapiens le pensent tourner autour de la Terre ou pas, les animaux par contre subissent dans leur chair chaque jour les conséquences douloureuses de la mégalomanie et de l'aveuglement d'une bonne partie des humains.
Une autre partie d'entre eux, chercheurs, scientifiques, s'échinent pourtant à démontrer que les animaux AUSSI ressentent des émotions, des sensations, plaisir mais aussi à l'inverse peur douleur panique faim froid stress ennui etc; qu'ils ont pour la majorité d'entre eux une évidente conscience d'eux-mêmes, un évident intérêt personnel à conserver leur liberté, leur bien-être, leurs comportements naturels et bien sûr aussi leur vie, une évidente capacité à se reconnaître, à communiquer entre eux et mêmes entre espèces différentes, à élaborer des stratégies complexes, à s'adapter à certains changements d'environnement ou à résoudre certains problèmes pour échapper à certaines contraintes etc.
Les expériences de plus en plus nombreuses et variées s'appuyant sur des techniques d'évaluation de plus en plus modernes et sophistiquées y compris l'imagerie cérébrale par résonance magnétique (IRM) ne laissent aucun doute là-dessus, et il est fort probable que nous ne soyons pas au bout de nos surprises, très loin de là. Peu chaut cependant tout ceci aux personnes qui entendent néanmoins continuer à les exploiter en toute bonne conscience, et qui préfèrent occulter tout témoignage susceptible de ternir de quelque façon que ce soit cette fort opportune - bien qu'infondée - bonne conscience.
Ainsi, tant qu'une grande partie du cerveau collectif tiendra à maintenir sous son joug la gent animale, et particulièrement pour en enfermer une partie et la forcer à se reproduire afin de s'en nourrir, ce cerveau collectif fera tout, consciemment ou non, pour retarder l'émergence de la notion de sentience animale (sentience = sensibilité + conscience. Conscience étant pris ici au sens biologique et non philosophique du terme, autrement dit non au sens de distinguer le bien du mal mais tout simplement en tant que sens de l'éveil et perception de soi et de l'environnement.)
Il suffit pour s'en convaincre, de voir à quel point une émission sur les fourmis ou les abeilles peut entraîner d'intérêt et de curiosité au sujet d'un comportement "étonnamment social et élaboré, tu as vu, c'est incroyaaaable" chez des gens qui refusent parallèlement de reconnaître le moindre degré de sentience à des mammifères à sang chaud... Comme par hasard.
A tout hasard (parce que c'est bon: les objections on finit par les connaître ^^) je rappelle que 1 les lions et les tigres EUX ne peuvent pas survivre sans manger de chair animale, que 2 ils n'enferment ni ne castrent les gazelles et les buffles, et enfin 3 : que quoi qu'il en soit, pour qui souhaiterait à tout prix partir du principe (et tenter de le démontrer) que l'homme est supérieur aux autres animaux, aller subitement chercher dans le comportement des-dits autres animaux une justification au comportement humain serait tout bonnement CONTRADICTOIRE et TOTALEMENT INCOHÉRENT et IRRECEVABLE.
Les bacs à sable sont étroits mais la planète est vaste: chaque terrien devrait avoir le droit d'y mener sa vie; et terrien ne veut pas dire "homo-sapiens": terrien veut dire "habitant de la terre"...
Par Michèle Végé
Comments