





Tantôt sacré ou sacrifié, élevé au rang de dieu ou créature démoniaque, innocent épargné par le déluge ou coupable de tous les maux de la terre, l'animal a toujours tenu une place importante dans la spiritualité. Hérité de la préhistoire, le culte de l'animal sacré était notamment très répandu en Egypte ancienne où l'on voyait en lui la matérialisation de l'essence divine.
Dans notre société contemporaine, bien que les trois grandes religions monothéistes condamnent la maltraitance envers les animaux et exigent à leur égard la plus grande miséricorde, l'interprétation anthropocentriste des saintes écritures a permis de justifier une certaine tyrannie de l’homme sur les animaux, brouillant ainsi notre rapport à l'animal.
ISLAM, JUDAÏSME ET CHRISTIANISME, indissociables
de la non-violence à l’égard des animaux.

L'ENSEIGNEMENT DE L'ISLAM
Il y a de cela mille quatre cent ans, longtemps avant l’émergence du mouvement de défense des droits des animaux, l’islam exigeait déjà que les animaux soient traités avec bonté. L'Islam rappelle combien le Créateur apprécie de voir les hommes, protéger sincèrement et avec bonté les animaux vulnérables et qui dépendent de lui.
La miséricorde, en islam, s’étend à toutes les créatures de Dieu et pas uniquement aux êtres humains. L’islam insiste sur la protection des animaux et interdit formellement toute forme de cruauté envers eux. Mais plus encore l’Islam considère le fait de tuer un animal sans raison comme un grand péché.
Allah a décrit à l’Homme le comportement à adopter envers tout ce qui l’entoure et Il a aussi mentionné dans le Coran la conduite à avoir avec les animaux. De nombreux versets nous éclairent donc sur le but de la création des animaux tout en incitant à les proteger et à méditer sur leur création.

Le Coran nous informe sur le fait que les animaux sont des communautés comme nous. Et cela ne peut que nous pousser à avoir de la compassion envers eux. « Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. Puis, c’est vers leur Seigneur qu’ils seront ramenés » Sourate 6, les bestiaux verset 38.

La bienfaisance envers les animaux n’est pas juste conditionnée aux profits que l’Homme peut en tirer mais c’est d’abord une règle religieuse que le Musulman applique, une règle qui, s’il la pratique peut le conduire au paradis.
Et le contraire aussi, si un Homme fait du mal ou est injuste envers un animal, il en rendra compte à Allah le très Haut comme stipulé dans cet hadith: « Une femme avait martyrisé une chatte en l’enfermant et la laissant mourir (de faim). À cause de cela, cette femme alla en Enfer, parce qu’elle ne l’avait ni nourrie, ni fait boire quand elle était enfermée et qu’elle ne l’avait pas laissée (non plus) manger des insectes de la terre. » al-Boukhary

HALAL & HARAM (permis & interdit)
Dans l'islam, le mot ḥalāl - حلال - signifie "permis" ou "licite", son antonyme est harām
Au sein de l’islam, l’abattage rituel, souvent dit « halal », se pratique selon la méthode de la Dhabiha détaillée non pas dans le Coran mais dans la tradition islamique. Ici encore, l’accent est mis sur le fait de ne pas faire souffrir inutilement l’animal. Toutefois la question de la conformité à la religion musulmane d’un étourdissement de la bête avant de l’abattre ne fait pas l’objet d’une norme unanime : si certains considèrent qu’il n’est pas contraire à la religion, l'inverse est souvent affirmé.
Les qualifications de halal et haram concernent notamment l’alimentation du musulman : par exemple manger toutes sortes de poissons est halal, alors que manger du porc est harām.
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il ne faut pas manger les cadavres d’animaux (charogne) : l’animal doit être abattu en étant égorgé selon le rite islamique de la Dhabiha.
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il ne faut pas consommer le sang qui peut porter des maladies : la viande doit être séparée du sang rapidement sinon elle devient harâm bien que l'abattage ait été halal.
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il ne faut pas faire souffrir l’animal avant et pendant l’opération de l’abattage : Il ne faut pas maltraiter l’animal pendant l’élevage, il ne faut pas tuer un animal devant un autre animal, il ne faut pas tuer l’animal devant les petits enfants, l’abattage doit être fait dans un endroit propre et préparé pour cela. La bête doit être égorgée ou doit être plantée par un instrument tranchant à la base du cou.
Le sang doit jaillir de cette blessure.
Concernant l’égorgement, il est imposé de trancher l’œsophage et la trachée. Les veines jugulaires ne sont pas obligatoirement tranchées, mais il est recommandé de le faire, car le sang jaillit davantage en les sectionnant. -
il ne faut pas tuer une bête pour une raison autre qu’alimentaire : il faut bannir toute perversité, ce que vise à rappeler le fait de prononcer avant l'abattage les paroles consacrées "Bismillah Allahou Akbar" ("Au nom de Dieu le plus grand").
Dans cette logique, la viande casher est halal puisqu'elle remplit les conditions du cahier des charges. Pour consommer une viande casher, il suffit juste de prononcer l’expression « Bismillah Allahou Akbar », pour compléter les exigences du halal. Cela signifie qu'il n'est pas besoin que l’animal soit abattu par un musulman.

L'INDUSTRIALISATION DU HALAL EST-ELLE TOUJOURS... HALAL?
La demande croissante du consommateur a développé le "concept" Halal sous sa forme marketing, permettant à des industriels de se structurer et de servir les communautés musulmanes dont le pouvoir d'achat n'a cessé d'augmenter avec l'accès des jeunes générations à des emplois plus qualifiés et mieux rémunérés que les générations précédentes. Les estimations de la valeur économique du marché des produits alimentaires halal oscillent entre 450 et 661 milliards de dollars.
Avec une telle cadence de production est-il encore possible de respecter toutes les conditions de l'abattage rituel?
La réponse est clairement non, d'abord parce-qu'il ne suffit pas que la viande soit issue d'un processus obéissant à certaines règles strictement alimentaires : il faut aussi que le traitement de l'animal soit respécté de son vivant, ainsi, il n'est pas halal d'élever un animal comme une machine (en élevage intensif par exemple), les animaux aussi méritant compassion, puisqu'ils sont, comme les hommes, des créatures de Dieu.
De leur élevage jusqu’à leur mise sous pack, les volailles ne sont pas traitées comme des créatures vivantes, mais comme des « marchandises », de simples protéines sur pattes. Les conditions de l’abattage industriel des volailles sont dans la continuité des conditions inhumaines de leur élevage. Les cadences d’abattage (15.000 poulets par heure) sont telles que les considérations liées au respect animal sont une vaste fumisterie. L’abattage est automatisé, l’homme et sa « marchandise » doivent alors se soumettre à cette cadence. C’est le règne de la productivité qui permet d’abattre vite et en masse pour la meilleure rentabilité.
ABATTAGE CONVENTIONNEL OU ABATTAGE RITUEL:
QUELLE DIFFERENCE POUR L'ANIMAL?



En Europe, la commission exige que les animaux soient étourdis dans les abattoirs qui pratiquent la méthode conventionnelle. Grâce à cette méthode, l'animal, inconscient, est censé "ne pas souffrir".
La règlementation Européenne exige que les exploitants désignent une personne spécialement qualifiée comme responsable du bien-être des animaux pour s'assurer que les procédures relatives au bien-être des animaux sont correctement comprises et mises en oeuvre.
Cependant, comme souvent, le contraste est élevé entre la théorie et la pratique. FUDA a rencontré Bruno P. employé depuis 18 ans dans la même société d'abattoirs: "Il y a une règlementation oui et nous la connaissons mais malgré toute notre bonne volonté, il est impossible d'appliquer les règles pour assurer le bien-être des animaux." /
"Notre responsable du bien-être n'a pas de compétences en matière de conscience animale, il ne peut pas se consacrer à cette tâche et ne peut pas tout contrôler, il obéit lui aussi aux exigences du profit de la société et ne peut pas aller contre les cadences de production..." /
"Il faut maintenir le rythme, parfois j'y pense en rentrant chez moi et j'ai conscience que ces bêtes sont effrayées et qu'elles souffrent, parce-qu'on n'a pas toujours le temps de les étourdir..."
La France compte 278 abattoirs. 51% des animaux sont abattus selon la méthode dite "Halal", il existe donc une dérogation (qui tend insidueusement à devenir la norme) pour les abattages rituels.
Selon l'étude "Douleurs animales" , l'électrocution et les tiges qui perforent le cerveau (Matador) pour l'abattage conventionnel, sont les méthodes d'étourdissement les plus performantes, car la mort est instantanée. Avec le Matador, il y a quand même jusqu'à 16% de "ratés" pour les bovins. Avec le gazage, le temps d'agonie est plus long: un porc perd conscience en quinze secondes, une poule, en vingt-deux secondes.
Or, lors du rituel, 78% des bovins s'effondrent en moins de vingt secondes. Que ce soit par gazage ou sans étourdissement (halal), il faut à peu près le même délai pour qu'un animal perde conscience, mais, avec le rituel halal, la perte de conscience peut aussi être très lente, en cas de formation de caillots de sang...
L'EGALITE DANS L'ASSIETTE, UNE ALTERNATIVE UNIVERSELLE
Si Dieu à autorisé les hommes à manger des animaux, jamais il n'a ordonné de le faire, l'Islam comme le Judaïsme et le Christianisme, sont donc parfaitement compatibles avec un mode alimentaire végétalien. Celui-ci étant Halal par excellence!
Contrairement aux idées reçues, le sacrifice du mouton pour la fête de l’Aïd-el-Kébir n'est pas obligatoire, le partage d'un repas végétal étant parfaitement approprié.
L'EGALITE DANS L'ASSIETTE, UNE ALTERNATIVE UNIVERSELLE
S'il est vrai qu'un musulman ne peut manger de la viande qu'à condition qu'elle soit halal, il n'est indiqué nulle part dans le saint Coran qu'il faille absolument en manger. Il en va de même concernant le sacrifice du mouton lors de la célébration de l’Aïd-el-Kébir : il n'est pas obligatoire, la tradition pouvant être honorablement respectée en partageant un repas végétal avec les plus démunis. L'option sans viande est donc une véritable alternative.
150 milliards d'animaux terrestres sont tués pour leur chair chaque année:
Au-delà du bien-être animal, totalement occulté par les lois du marché, les conséquences sont dramatiques pour notre planète: réchauffement climatique, déforestation, dégradation des océans, pollution, pénurie d'eau... 70% des terres agricoles sont consacrées à nourrir le bétail que nous mangeons privant ainsi 1 milliard d'humains de manger à leur faim. Comment de telles dérives pourraient être tolérées par une religion?
Protéger cette terre, vivre en harmonie avec les autres espèces, nourrir les affamés, telles sont les valeurs de l'islam. Si Dieu à autorisé les hommes à manger des animaux, jamais il n'a ordonné de le faire, l'Islam comme le Judaïsme et le Christianisme, sont donc parfaitement compatibles avec un mode alimentaire végétalien.
ISLAM ET VEGETARISME
En l'islam, il n'y a aucune interdiction dans le fait d'être végétarien (ce dernier, par définition, mangeant ainsi parfaitement halal), quoique cette pratique demeure peu commune dans le monde musulman ; le végétarisme gagne néanmoins des adhérents en terre arabe et musulmane, car il n'est pas halal d'élever un animal comme une machine, et que les animaux aussi méritent compassion, puisqu'ils sont, comme les hommes, des créatures de Dieu. Comme le christianisme et le judaïsme, l'islam affirme que Dieu a créé les animaux .
Mais à la différence du christianisme, l'islam s'intéresse étroitement à l'animal : « De nombreux hadîths, propos attribués au Prophète, insistent sur la douceur et la mansuétude que l'on doit observer à l'égard des animaux : l'homme qui donne à boire à un chien assoiffé, un animal impur pourtant, est assuré de la grâce divine. (...)
Selon certains exégètes du verset VI, 38, il se pourrait en effet que les animaux puissent connaître eux aussi une forme de révélation qui leur soit propre, avec la promesse de la Résurrection et du Jugement. (...)
L'absence d'incarnation en islam (Dieu ne s'est pas fait homme, Dieu est radicalement autre), rapproche l'homme de l'animal, rassemblés dans une condition commune . »
Dans Animals in Islam, Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri, qui fut l'imam de la mosquée Shah Jahan de Woking, au Royaume-Uni, de 1964 à 1968, écrit : « Ne pas être cruel envers les animaux, ou même faire preuve d'une bienveillance condescendante à l'égard de nos soi-disant “inférieurs”, cela n'est que formulation négative.
L'Islam demande que nous pensions et agissions de façon positive, en admettant les diverses espèces comme autant de communautés semblables à la nôtre, ayant leurs propres droits, et en ne les jugeant pas selon nos critères humains et nos échelles de valeurs (…)
En fait, l'Islam est tellement concerné par la compassion pour les animaux que l'on peut se demander après tout pourquoi il nous a autorisés à les tuer pour notre nourriture, et pourquoi il ne nous a pas prescrit de devenir végétariens (...) D'un point de vue humanitaire, l'idéal serait que le monde entier devienne végétarien, et que soit laissée aux animaux la possibilité de vivre leur vie naturelle. »

Au sein même de la Bible, l’autorisation de manger de la viande intervient en Genèse 9, après le déluge, et pas au début de la Genèse: avant le péché, l’homme est végétarien. Mais quand Dieu autorise l’homme à manger de la viande, il précise de ne pas manger le sang des animaux. Cela laisse à penser que les rédacteurs de la Genèse ont des hésitations à l’idée du carnisme, qu’ils ne trouvaient pas complètement juste.
Dans les textes qui racontent la fin des temps, par exemple le passage d’Esaïe (65,25), on trouve l’idée que l’agneau cohabite avec le loup. Dans la Bible, le règne de Dieu est un règne où les animaux ne se mangent plus entre eux, aussi bien un prédateur sa proie ou un être humain un autre animal. Ces tensions à l’interne de la Bible mettent en cause les discours chrétiens traditionnels à ce sujet.
Au sein de la tradition, on trouve de pareilles remises en cause. François d’Assise est l’exemple le plus connu, mais il existe chez les Pères de l’Eglise des ressources pour considérer que l’œuvre du Christ s’adresse à toute la création et pas seulement aux humains. Cela nous obligerait à changer notre regard sur les animaux et à nous concevoir comme certes supérieurs, mais dans une perspective de service et non de domination.
Cette question est réapparue en théologie dans les années 1960-1970, au moment où les mouvements dits «de libération animale» ont pris de l’importance.
