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PROTEGER LES TORTUES MARINES DE GUYANE

A l'aube des 40 ans de suivi des tortues marines en Guyane et alors qu'un plan national d'actions en leur faveur vient d'être validé pour la période 2014 - 2024, la "luth" continue dans ce département français de l'autre bout de l'atlantique, sur le continent sud Américain.

La Tortue luth, unique représentant du genre Dermochelys, est la plus grande des sept espèces actuelles de tortues marines, la plus grande des tortues de manière générale, et le quatrième plus grand reptile après trois crocodiliens.
 

La Tortue luth fréquente tous les océans de la planète, mais sa survie est gravement menacée par le braconnage, les filets de pêche, la pollution et l'urbanisation du littoral. Elle figure sur la liste de l'UICN des espèces en voie de disparition et fait l'objet de conventions et de programmes internationaux de protection et de conservation.

Aujourd'hui la tortue luth a gagné deux rangs en passant de "en danger critique d'extinction" à "vulnérable" sur la liste rouge de l'union mondiale pour la nature (UICN) Et si l'on regarde du côté du plateau des guyanes jusqu'à Tobago, le constat est encore plus probant, puisque régionalement, la luth est considérée par l'UICN comme étant en préoccupation mineure, le rang le plus bas de la liste rouge. 

Si l'on peut se réjouir de l'amélioration de la situation, il faut tout de même maintenir la mobilisation et poursuivre les programmes de préservation, car à l'échelle mondiale, les populations de tortues luth et plus généralement toutes les tortues marines, sont toujours en déclin et que des menaces significatives persistent sur les sites de pontes et d'alimentation des tortues. 

L'ONG UICN rappelle aussi que cette population, du fait de sa vaste distribution géographique, dépend de plus d'une dizaine de juridictions nationales et internationales, ce qui rend sa conservation d'autant plus complexe.

L'évaluation 2007-2012 a montré la nécessité de poursuivre les efforts de conservation et de conforter les acquis, sous la forme d'un second plan de conservation, qui devra se projeter sur une période plus étendue, de 10 ans, afin de répondre aux caractéristiques biologiques d'espèces longévives comme les tortues marines.

 

La réunion de lancement du nouveau plan national d'actions en faveur des tortues marines en Guyane s'est tenue le 13 mai 2013, à la Préfecture de Cayenne, en présence d'une trentaine de partenaires.
Au cours de cette réunion, il a été écidé de tenir deux réunions de concertation (à l'est et à l'ouest) afin de définir collectivement les différentes thématiques qui seront développées dans le futur plan d'actions:

 

1. Réduction des menaces

2. Amélioration des connaissances au service de la conservation

3. Impulsion d’une coopération transfrontalière

4. Valorisation socio-économique des tortues marines (tourisme / emploi)

5. Mise en réseau des acteurs

6. Evolution du mode de gouvernance (PNA + gouvernance locale dans l’Ouest)

7. Education & Formation / Partage des connaissances / Responsabilisation

A son niveau l'antenne FUDA GUYANE, présente sur le département depuis 2011, assure des rondes sur les plages de l'ile de Cayenne en saison de pontes de fin Mars à fin juillet puis pour l'émergence des bébés à compter de mi-juin

plusieurs objectifs:

- Veiller au respect et à la tranquillité des tortues marines qui atteignent le littoral, épuisées par les milliers de kilomètres parcourus. De nombreux observateurs prennent des photos en utilisant le flash, ce qui perturbe dramatiquement le sens de l'orientation des tortues qui, totalement désorientées, ne parviennent plus à regagner l'océan.

- Lutter contre le braconnage et le pillage des nids (les oeufs sont encore consommés malgré l'interdiction)

- Veiller à la sécurité des petites tortues lorsqu'elles quittent le nid pour rejoindre l'océan. Il peut arriver en effet que les chiens ou les oiseaux s'offrent un véritable banquet au moment de l'émergence des petites tortues.

La tortue luth peut pondre jusqu'à 1000 oeufs dans une même année, mais seulement 10% des petits qui auront échappé aux prédateurs, atteindront l'age adulte.

• La vie des tortues marines n'est pas encore très bien connue : on sait par exemple que les tortues luth sont capables de parcourir 6.000 km en seulement 3 mois. Une tortue luth baguée en Guyane a été retrouvée au New Jersey (facade atlantique des Etats-Unis), une autre au Ghana (en Afrique), et même en Bretagne (France) et en Espagne. S'agit-il de véritables migrations ou de mouvements liés aux courants ?

• Le régime alimentaire des tortues marines varie avec l'espèce : les tortues Luth se nourissent surtout de méduses; les Olivâtres de crustacés ou de méduses et d'éponges; les tortues vertes sont apparemment omnivores jusqu'à trois ans maximum, puis deviennent ensuite herbivores; la tortue imbriquée se nourrit d'éponges dans les récifs coralliens de la Caraïbe et la Caouanne est carnivore.

• La plus fréquente en Guyane, mais aussi la plus menacée à l'échelle mondiale est la Tortue luth, qui se reconnait à sa carapace sans écailles, ressemblant à du cuir.

Combien d'espèces de tortues marines existe-t-il en Guyane et comment fait-on pour les distinguer les unes des autres ?

En Guyane, 5 espèces de tortues marines viennent pondre sur les plages:

- La plus commune de toutes et la plus grosse est la 
Tortue luth (Dermochelys coriacea)

La tortue Luth (Dermochelys coriacea) est la plus grande tortue du monde avec sa carapace qui peut atteindre presque 2m et son poids qui peut avoisiner la tonne chez les mâles. C'est également la seule tortue marine à ne pas posséder d'écailles sur sa carapace, mais une peau bleutée tachetée de blanc ayant l'aspect d'un cuir velouté.
 

Grande voyageuse, elle vit de préférence dans les eaux chaudes de l'Océan Atlantique, Indien, Pacifique et en Mer Méditérannée. Certaines Luth ont cependant été observées dans les eaux froides de Norvège. Son alimentation est composée essentiellement de méduses (qu'elle confond malheureusement parfois au péril de sa vie avec des sacs plastiques), mais aussi de poissons ou crustacés.

Elle vient pondre toute l'année sur les plages de Guyane, plus particulièrement entre mars et août. Elle arrive généralement de nuit, 2 heures avant la pleine mer (marée haute), creuse son nid avec ses nageoires arrières qu'elle incurve en forme de grosses spatules, puis pond un peu plus d'une centaine d'oeufs parmi lesquels un certain nombre sont infertiles. Elle reviendra ainsi pondre 5 à 7 fois durant la saison. Approximativement 2 mois 1/2 plus tard, les oeufs donnent naissance à de minuscules tortues d'environ 7 cm, qui émergent du sable pour se rendre à la mer... et qui, si elles échappent à leurs nombreux prédateurs (chiens, crabes, carnassiers marins, oiseaux, etc), reviendront peut-être quelques années plus tard pondre à leur tour sur cette même plage...


- On trouve aussi la Tortue verte (Chelonia mydas) avec ses grands yeux en forme d'amande

La tortue verte (Chelonia mydas) vit dans les mers chaudes dont la température est supérieure à 20°C. Elle fréquente différents milieux au cours de sa vie (herbiers, aires de développement et de nidification, ...)

Sa carapace couverte d'écailles lisses est de couleur uniforme et terne, variant dans les tons vert-brun à vert-olive. Elle se reconnait bien à sa forme bombée vers l'avant et peut atteindre 125 cm de long. Son plastron est clair, blanc jaunâtre. Sa tête remarquable à ses grands yeux en forme d'amande, se termine par un museau court et un un bec arrondi. Ses pattes ne portent qu'une griffe. Chez les nouveaus-nés, la couleur est bien caractéristique avec la dossière et la peau noires ou bleu-nuit, les écailles marginales de la carapace et les pattes bordées de blanc, et le ventre blanc en contraste avec la dossière foncée. Adulte, son poids varie entre 100 et 240 kg.

Son régime alimentaire varie avec l'âge : d'abord omnivore jusqu'à l'âge d'un ou de deux ans, elle devient herbivore par la suite.

On peut la voir sur les plages de Guyane entre janvier et mai, période où elle reviendra pondre à plusieurs reprises (jusqu'à 6 fois). La ponte enfouie à 35 ou 55 cm de profondeur, comprend entre 120 et 140 oeufs de 4,5 cm de diamètre, qui donneront naissance à des jeunes après une soixantaine de jours d'incubation en moyenne. 

Après la Luth, c'est la tortue la plus fréquente en Guyane. Observable sur les plage au moment de la nidification, elle est également vue à proximité des côtes rocheuses entre Cayenne et Kourou et autour des Iles du Salut à tout moment de l'année.


- la Tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) avec sa petite tête triangulaire

La tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) est la plus petite tortue marine rencontrée sur les côtes de Guyane. La carapace olivâtre à ocre-brun, mesure de 57 à 76 cm de long en moyenne. L'Olivâtre avoisine les 35 à 55 kg. Le dessus de sa tête et de ses pattes sont gris, en contraste avec ses joues, son bec, son cou jaunes et le dessous de ses membres jaune-blanc pâle. Les nouveaux-nés sont unicolores, gris-noir. Chacune des pattes est munie de deux griffes.


Son alimentation est composée d'algues, de méduses, de crustacés et de mollusques qu'elle pêche le long des côtes. On peut l'observer sur les plages de Guyane entre fin avril et mi-août, où elle vient pondre à plusieurs reprises (1 à 3 fois par saison). Elle dépose plus d'une centaine d'oeufs (mesurant à peine 4cm de diamètre) par nid.


- la Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata)

Peu fréquente sur les côtes guyanaises, la tortue Imbriquée (Eretmochelys imbricata) que l'on trouve habituellement près des récifs coralliens, se reconnaît facilement à ses écailles disposées comme les tuiles d'un toit et qui lui ont valu son nom. Cependant ce caractère distinctif devient moins évident chez les individus âgés car la carapace s'use et son relief est atténué. 

Sa tête relativement petite est terminée par un museau proéminent doté d'un bec crochu. Les pattes avant portent deux griffes et sont recouvertes de grandes écailles de couleur brun-rougeâtre à chocolat avec un petit liseré jaune sur leur face supérieure. La dossière de la carapace brun, rouge-orangé à noirâtre est striée et mouchetée de jaune et de noir. 

Chez les juvéniles, elle est plutôt brun-rouge à marron avec des écailles marginales jaune-brun. Les nouveaux-nés pèsent 15 g et leur carapace mesure de 3.8 à 4.6 cm de long et de 2.7 à 3.5 cm de large. 

A l'âge adulte, les femelles pèsent entre 60 et 80 kg et leur carapace atteint 80 cm de long en moyenne.

Omnivore, elle se nourrit principalement d'éponges de mer trouvées dans les eaux tropicales, où rochers et récifs coralliens abondent. Elle préfére pondre dans la Caraïbe plutôt qu'en Guyane, sur les plages sans vase, calmes et couvertes de végétation arbustive pouvant lui servir de cachette en cas de danger. Sa ponte compte de 130 à 200 oeufs (oeufs fertiles mélangés à des oeufs infertiles) d'une taille moyenne inférieure à 4 cm et pesant entre 20 et 30 g. Son nid se trouve enfoui dans le sable entre 11 et 55 cm de profondeur.


- ainsi que la Caouanne (Caretta caretta)
La tortue Caouanne (Caretta caretta) ne fait que de très rares apparitions sur les plages de Guyane, où elle vient parfois pondre. On la reconnaît à sa large dossière brun-orangé à brun-rougeâtre (parfois chocolat) avec ses bords extérieurs plutôt jaune-orangé. Sa tête relativement grosse, de couleur brun à orangé, se termine par un bec jaune, puissant et coupant, bien utile pour percer la carapace des crustacés dont elle se nourrit.
 

N'étant pas une tortue de haute mer, elle préfère les eaux chaudes à proximité des côtes. Son régime alimentaire est essentiellement carnivore, à base de crustacés, mollusques et poissons, mais parfois aussi de végétaux. La femelle nidifie sur les plages du Sud-Est des Etats-unis, du Golfe du Mexique, de la Jamaïque, des Antilles. Mises à part les plages de Buritaca (en Colombie du Nord) et certaines plages du Brésil (région de Bahia), sa présence en Amérique du Sud (et donc en Guyane) est assez exceptionnelle. 

Elle accoste sur les plages pour y déposer une centaine d'oeufs (de 3.9 à 4.2 cm de diamètre) dans un nid creusé dans le sable, entre 25 et 50 cm de profondeur. A terre, au moindre danger la Caouanne prendre la fuite, c'est une espèce particulièrement craintive. A la naissance, la carapace des tortues mesure 4,5 cm de long. Pour se protéger des prédateurs, il semble que les jeunes (nés dans l'Ouest Atlantique) se réfugient en groupes dans mer des Sargasses (région de l'Atlantique située au Nord-Est des Antilles), là où se concentrent des algues flottantes. 

A l'âge adulte, sa carapace mesure entre 70 cm et 1.20m de long et son poids varie entre 70 et 200 kg selon les individus.

 

 

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